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L’influence de la chenille du pommier sur la culture des pommes

Pomme verte abîmée avec chenille sur la branche

Une seule ponte de Cydia pomonella suffit parfois à compromettre jusqu’à 80 % d’une récolte dans un verger mal protégé. Les interventions phytosanitaires répétées n’éliminent jamais totalement ce risque, malgré leur coût élevé. En Europe, certains producteurs constatent une recrudescence de résistances aux insecticides classiques, modifiant les équilibres de lutte intégrée.

La chenille du pommier : un acteur méconnu dans l’équilibre des vergers

La chenille du pommier agit dans l’ombre, loin du tumulte réservé à Cydia pomonella, mais son influence n’a rien d’anodin. Derrière les noms de Yponomeuta malinellus, tordeuse à bandes obliques ou teigne du pommier, ce ravageur du pommier s’invite aussi bien sur les pommiers que sur poiriers et pruniers. Sa présence passe inaperçue au début du printemps, puis impose sa marque dans l’équilibre des vergers.

Bien plus qu’un simple hôte indésirable, la chenille fragilise les arbres en dévorant d’abord les jeunes feuilles, puis en s’attaquant aux fruits en développement. Ces colonies installent de véritables refuges de soie, échappant facilement aux traitements conventionnels. La vigueur des arbres en pâtit, la microfaune locale évolue, et l’affrontement avec d’autres insectes, dont le carpocapse des pommes ou la tordeuse, s’intensifie. Les répercussions ne se limitent pas à la récolte immédiate : le verger tout entier se transforme, saison après saison.

Les producteurs, confrontés à cette progression, constatent une accélération des cycles de reproduction de plusieurs ravageurs, conséquence directe des déséquilibres créés par les interventions chimiques répétées. La diversité des espèces dans les vergers s’amenuise, remettant en question les approches classiques de la lutte intégrée. À force de s’installer, la chenille du pommier s’impose comme un vecteur majeur de transformation des écosystèmes fruitiers, au cœur même des cultures.

Quels sont les signes d’une infestation et comment la reconnaître ?

Dès le printemps, l’œil exercé repère les premiers signaux trahissant l’activité des larves. Les nids de soie du pommier, toiles blanchâtres regroupées au niveau des rameaux, signalent la présence de Yponomeuta malinellus. À l’intérieur, de petites chenilles s’activent et s’attaquent aux jeunes tissus de l’arbre.

La défoliation du pommier ne tarde pas. Des feuilles grignotées, percées, jaunissent puis tombent, affaiblissant la photosynthèse et réduisant la vigueur de l’arbre. Les fruits n’échappent pas à la voracité des larves : il arrive que la chenille creuse de discrètes galeries dans les pommes, rendant la production peu attrayante, parfois même invendable.

Pour identifier sans ambiguïté la présence de la chenille du pommier, certains signes reviennent fréquemment :

  • Apparition de toiles soyeuses sur les rameaux
  • Feuillage grignoté, dentelé ou absent
  • Chute prématurée des fruits, souvent accompagnée de traces de pénétration

Mieux comprendre le cycle de vie de la chenille du pommier permet d’affiner le diagnostic. Dès la fin de l’hiver, les œufs éclosent et les jeunes larves se regroupent en colonies voraces. Les dégâts s’étendent progressivement, touchant parfois les poiriers et pruniers voisins. Repérer ces signaux, c’est donner une chance de réagir avant que la pression parasitaire ne devienne incontrôlable.

Des conséquences directes sur la qualité et le rendement des pommes

Le passage de la chenille du pommier laisse rarement le producteur indifférent. Sous son action répétée, les récoltes prennent un tout autre visage. Sur les arbres infestés, la perte de rendement grimpe parfois à 40 % lors des années de forte pression, un chiffre qui se vérifie sur le terrain auprès de nombreux observatoires techniques.

Les fruits portent les stigmates de cette attaque. Chair entamée, marques superficielles, galeries sinueuses : la qualité des pommes chute, souvent en deçà des critères attendus par les acheteurs. La chute prématurée des fruits, provoquée par l’activité des larves, réduit encore le potentiel de récolte. Dès la cueillette, de nombreux lots doivent être écartés. Les répercussions économiques se font sentir rapidement, entre volumes perdus et contrats mis à mal.

Voici plusieurs conséquences observées sur les fruits et la récolte :

  • Apparition de taches liégeuses et cicatrices superficielles
  • Développement de pourritures secondaires sur les points d’entrée
  • Réduction significative du calibre moyen

Un verger affaibli par la chenille devient également plus perméable à d’autres ravageurs du pommier : carpocapse, tordeuse à bandes obliques, teigne… Chaque attaque fragilise encore davantage la production sur plusieurs saisons.

Protéger ses pommiers : solutions naturelles et innovations récentes

Pour limiter l’expansion de la chenille du pommier, tout commence par une observation attentive. Identifier rapidement les premiers nids de soie, surveiller les jeunes pousses et anticiper les phases clés du cycle de vie permet d’agir à bon escient. Intervenir tôt donne aussi l’occasion aux prédateurs naturels, mésanges, chrysopes, coccinelles, de jouer pleinement leur rôle. Ces alliés du verger participent à la régulation des populations de chenilles, sans intervention lourde.

La lutte biologique s’affirme aujourd’hui comme une alternative sérieuse aux traitements chimiques. L’usage du Bacillus thuringiensis, une bactérie sélective, élimine les jeunes chenilles tout en préservant la faune utile. Les arboriculteurs disposent aussi de formulations adaptées à l’agriculture biologique. Autre solution : la Carpovirusine, basée sur le virus de la granulose, cible le carpocapse des pommes, ravageur souvent observé aux côtés de la chenille.

Les pièges à phéromones aident à anticiper les pics de vols et à ajuster la stratégie de protection. Ils jouent un rôle central dans la gestion intégrée du verger, limitant les applications de produits à ce qui est réellement nécessaire. Le maintien de bandes fleuries ou de haies favorise par ailleurs l’installation durable des auxiliaires.

Pour mieux comprendre l’action de chaque solution, voici un aperçu de leurs mécanismes :

Solution Mécanisme d’action
Bacillus thuringiensis Ingestion par la chenille, paralysie digestive
Carpovirusine Infection virale ciblant le carpocapse
Pièges à phéromones Attraction des mâles, perturbation de l’accouplement

L’usage intensif de pesticides chimiques recule, porté par les attentes environnementales et la vigilance des consommateurs. Les solutions naturelles, enrichies par la recherche et l’expérience des producteurs, dessinent une nouvelle voie. Celle d’une arboriculture qui s’adapte, apprend de ses faiblesses et prépare un équilibre durable, fruit après fruit.

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